Quelles optiques pour filmer avec votre reflex ? 


Les camescopes grand public et semi-professionnels sont en grande majorité équipés d’une optique non interchangeable, qui tente d’être généraliste et de pouvoir couvrir toutes les situations, un peu à la manière des appareils photo que l’on nomme bridges. Les caméras professionnelles (cinéma et télévision) disposent, elles, d’une monture permettant de changer d’optiques, mais celles-ci sont souvent terriblement chères, réservant leur usage aux utilisateurs munis du budget adéquat. C’est pourquoi l’arrivée des reflex Canon sur le front de la vidéo « grand capteur » en a réjoui plus d’un : il allait enfin être possible d’utiliser différentes optiques, variées et de très bonne qualité.

A priori, tous les objectifs bons à faire des photos vous donneront des résultats en vidéo, puisque la résolution de l’image vidéo est nettement inférieure (maximum 2 Mpix) à celle de l’image photo (maximum 18 Mpix) délivrée par l’EOS 600D. De plus, les possibilités offertes par l’usage d’un reflex à objectif interchangeable vous pousseront à essayer un peu de tout, du plus courant au plus inattendu. Nous ne saurions que vous encourager à investir quelques billets dans des anciennes optiques manuelles afin de tester plusieurs solutions originales.

Privilégiez l’ouverture


Avec sa grande ouverture, une optique lumineuse crée une faible profondeur de champ, donnant à l’image une allure cinématographique. Si vous tournez en effectuant des mouvements de caméra qui demandent une retouche constante du point, il vaut mieux travailler en manuel et favoriser les optiques ayant une grande et large bague de mise au point, de préférence bien souple, sans point dur, évidemment (à vérifier si vous comptez utiliser de vieilles optiques manuelles) ; les petites optiques modernes, moins faciles à manipuler, sont donc à proscrire, tout du moins si vous comptez travailler le point « à la main », sans accessoires.
Par ailleurs, il vaut mieux se munir d’optiques assez lumineuses, ouvrant au minimum à f/4, f/2,8 étant recommandé, afin de pouvoir tourner en conditions de faible luminosité car, ne l’oublions pas, s’il est possible de faire des poses très longues en photo, en vidéo nous sommes limités par la fréquence d’enregistrement. Une grande ouverture permet de ne pas monter trop haut en ISO.

Il vaut mieux proscrire les optiques ne possédant pas de grande bague de zoom, car cela rend leur manipulation très délicate pour la recherche du point et multiplie les risques de flous de bougé. En termes de qualité d’image, ce zoom EF-S 18-55 mm f/3,5-5,6 IS (1) pourrait convenir pour la vidéo (bien que son ouverture maximale soit un peu faible), mais sa bague dezoom frontale (a) trop étroite le disqualifie. Par contre, cet EF 16-35 mm f/2,8 L II USM (2) possède une large bague de zoom (b) qui facilite la mise au point et éventuellement l’installation d’un kit follow focus.

Choix de la focale

Un grand-angle permettra, grâce à son large champ de vision, de limiter l’importance des saccades dues aux mouvements de manipulation, un point intéressant si vous filmez à main levée, en bougeant beaucoup (type reportage caméra à l’épaule). De plus, sa grande profondeur de champ simplifiera les problèmes de mise au point : il suffit de caler l’objectif sur l’hyperfocale et de débrayer l’autofocus.

Une longue focale est bien entendu tout à fait envisageable pour tourner, mais il faudra impérativement la stabiliser. L’usage d’un trépied s’avère indispensable.
Un zoom vous permet de changer le cadrage sans avoir à déplacer le boîtier. Cependant, cela reste assez difficile à contrôler à main levée sans faire trembler l’appareil. Pour un effet léger, on privilégiera le zoom logiciel, au moment du montage ; pour un effet marqué, il sera sans doute nécessaire de recourir également au trépied. Ceci dit, il faut savoir que l’usage compulsif du zoom est considéré chez les professionnels comme une marque d’amateurisme, et qu’il vaut mieux privilégier les mouvements subtils, en utilisant un follow focus, une dolly ou un slider…

Le Voigtländer Color Skopar 20 mm f/3,5 est une petite focale fixe de type « pancake », très discrète et d’excellente qualité, qui permet de limiter l’encombrement du boîtier reflex et de le ramener à quelque chose de très passe-partout, plus proche d’un bridge, idéal pour des scènes prises sur le vif. Seuls défauts : elle est manuelle (pas d’autofocus – mais pour filmer, nous avons vu que cela ne pose pas vraiment de problème) et sa bague de zoom n’est pas très grande (il faudra privilégier l’hyperfocale).

Optiques à monture exotique

Avec l’engouement que les boîtiers Canon ont suscité auprès des cinéastes, des tentatives pour monter des objectifs de cinéma ont été faites, avec plus ou moins de succès. Quelques sociétés proposent même de transformer des boîtiers en leur implantant une nouvelle monture. Il est vrai que les budgets de certaines grosses productions cinéma permettent sans doute de se livrer à ce genre d’opération. Dans notre cas, il restera toujours la possibilité de monter des optiques exotiques grâce à des bagues d’adaptation spéciales, faciles à trouver et peu chères.

Haut de gamme : Zeiss propose depuis peu la gamme Zeiss Compact Prime, une série d’optiques en monture Canon spécialement développées pour le cinéma, équipées notamment d’une bague de zoom très fluide dotée d’une grande course et prévue pour recevoir un follow focus.

 

 

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Philippe Chaudré, Vincent Burgeon

9782100565122, 320 pages, 28,50 €

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