Construire un scénario (partie 1/2) : de l’utilité de la structure

 
Une histoire, ce sont des personnages et bien sûr un ensemble d’événements. Ceux-ci doivent être organisés de manière à offrir une continuité souple et logique. C’est pourquoi la construction, qui passe nécessairement par l’utilisation d’une structure, est si importante.
 
 

Les paradigmes ou structures

Il existe de nombreux paradigmes. Quelques-uns vont être présentés ici. Il en existe d’autres, qui correspondent souvent à des cas très particuliers ou tout simplement à des aménagements de structures plus traditionnelles.

Qu’est-ce qu’une structure ?
Et en a-t-on besoin ? Pourrait-on ajouter. On peut écrire un roman sans leur aide, alors pourquoi nous rabâche-t-on les oreilles à nous scénaristes avec ces damnées structures ? C’est qu’il est nécessaire qu’il y ait d’une séquence à l’autre une relation de cause à effet afin que les événements du récit s’enchaînent naturellement, sans passage à vide. Exprimé ainsi, on pourrait objecter qu’il suffit de travailler la logique, la cohérence pour que le travail fonctionne, et c’est vrai. Les paradigmes ne constituent que des systèmes à appréhender, tout scénario devant finalement générer sa propre structure issue des intentions et du point de vue. Donc, oui, on a besoin d’une structure, mais d’une structure propre à chaque travail.

 
 

Comment utiliser les paradigmes ?

Le risque de l’utilisation des paradigmes et autres méthodes de construction réside, bien entendu, dans un formatage possible des histoires et, de ce fait, de leur appauvrissement. Ainsi, certains modèles très codifiés sont particulièrement délicats à manier (le voyage du héros, par exemple), car ils ne laissent que peu de marge à l’improvisation.
À côté, la volonté de jouer de sa liberté, de vouloir briser les règles à tout prix, de chercher coûte que coûte l’originalité, a aussi son revers de la médaille : à force de modernité, on perd une bonne partie du public potentiel, avec le risque de produire un art élitiste.
Comme souvent, la bonne solution se situe dans le juste milieu. D’ailleurs, le public veut reconnaître des repères lorsqu’il voit un film, il désire juste que l’on joue avec lui en le surprenant avec brio. Il y a là, une forme de contrat à respecter vis-à-vis du spectateur. Le scénariste ne vend pas son âme pour autant en s’inspirant de règles de construction, car on ne peut trouver une liberté que dans les contraintes.
 
 

Les paradigmes en différentes étapes

Si la qualité d’écriture d’un scénario était seulement liée à l’application d’une recette, depuis le temps on le saurait ! Dans les faits, on n’est pas obligé de suivre à la lettre ces étapes chronologiques proposées par les différents modèles de paradigmes : bien des films ne correspondent à aucun système particulier et d’autres les suivent au contraire un peu trop, rendant le récit désagréablement prévisible ; certains films encore, peuvent être attachés à ces structures et fonctionner parfaitement.
Dans les faits, il est difficile de dégager une relation absolue de causalité « paradigme/récit parfait ». Par contre, l’énonciation d’étapes ou de points à travailler a pour mérite d’obliger le scénariste, surtout s’il débute, est sujet au doute ou se demande par quoi commencer, à se poser certaines questions de base.
Ces étapes de questionnement se révèlent aussi particulièrement salutaires lorsqu’est venu le moment de corriger, de retravailler, car c’est souvent parce que l’on n’a pas pris suffisamment en compte un facteur (le besoin moral selon Truby, par exemple) que le récit manque de force, de profondeur ou d’intérêt narratif. Il convient donc d’étudier ces méthodes, puis de prendre ses distances avec elles afin de ne pas leur sacrifier son autonomie créatrice et son intuition.

Le public se moque des structures
Il ignore jusqu’au terme et quand bien même ce serait le cas et qu’il pourrait les identifier dans votre scénario, tout ce qu’il veut, c’est une bonne histoire. Cela ne signifie pas que les structures soient inutiles, mais ce n’est pas ce que le public va voir au cinéma, de la même manière qu’un auditeur peut apprécier une musique sans connaître le solfège. Un scénariste doit travailler sa structure, mais ce n’est pas ce que l’on doit percevoir au final. On peut passer beaucoup de temps à soigneusement construire l’organisation de son scénario et obtenir une histoire plate, simplement parce que l’on a oublié le principal : les personnages. Des bons personnages seront toujours plus attrayants qu’un tour de force paradigmatique.

 
 

Extrait de
Ecrire pour le cinéma et la télévision
Structure du scénario, outils et nouvelles techniques d’écriture créative
Olivier Cotte
Collection : Hors collection, Dunod
2014 – 224 pages
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