Comment devenir photographe de sport ?


 
Des plages du Cap d’Agde aux travées du Stade de France le 12 juillet 1998, le photographe de sport pour l’AFP Gabriel Bouys a connu un parcours atypique. Comment en arrive-t-on à photographier l’exploit ? Rencontre.
 
Comment devient-on photographe de sport ? Comment en arrive-t-on à se trouver un jour placé au meilleur endroit pour couvrir, en tant que photographe d’une agence de presse mondiale, l’épreuve reine des Jeux Olympiques ? Prêt à « photographier l’exploit ? »
 
Ce n’est pas par hasard, mais les parcours diffèrent, entre vocation bien ancrée et concours de circonstances. Avec cependant l’expression d’un double sentiment unanime : l’amour de la compétition et le goût du travail bien fait, qui ont permis à ces photographes d’avoir des carrières particulièrement intéressantes en couvrant le sport de haut niveau pour l’AFP.
 
Pour Gabriel Bouys, la voie était toute tracée, mais pas nécessairement celle qu’il envisageait au départ :

« J’ai toujours voulu être photographe, depuis l’âge de 14 ans. C’était un truc plus ou moins romantique du genre guerre du Vietnam, grand reporter américain comme Robert Capa ou David Burnett. Mais j’ai aussi toujours voulu être un photographe d’agence de presse, ce qui m’intéressait c’était l’anonymat du truc, on doit être derrière l’appareil et se faire oublier. Le jour où les gens s’aperçoivent qu’il y a un photographe, ils changent, je suis incapable de faire poser quelqu’un, je suis nul à mettre en scène, à diriger, ce que j’aime c’est capturer un instant, c’est ça qui m’intéresse. »

 

arrow2 L’Écossais Peter Walton (g) raffute le Français Marc Lièvremont lors d’un match du tournoi des 5 nations à Édimbourg | Gabriel Bouys – 21/2/1998
 
Adolescent, il s’était pourtant exercé en faisant poser les touristes et les baigneurs au Cap d’Agde, une expérience de photographe de plage qui lui avait permis de « rencontrer toutes les filles de la terre, but ultime de la manœuvre ». Ce fut ensuite la fac, le service militaire passé à « faire des photos d’identité » — toujours la pose — avant de « monter » de Montpellier à Paris pour tenter sa chance. Après quelques semaines de piges chez UPI (United Press International), peu avant le démantèlement du service photo de cette mythique agence américaine, Bouys se précipite en 1984 à l’AFP dès qu’il apprend qu’il y a une possibilité de recrutement. Il y rencontre un des grands photographes historiques de l’agence, Gaby Duval, dont la réputation était bien établie.

« On avait le même prénom ! Pour moi, c’était l’archétype du playboy photographe et grand reporter. Je me suis dit, plus tard je ferai ça, je voulais être playboy photographe ! »

 

arrow2 Dunk acrobatique de Nate Robinson lors du « All Star Game » à Las Vegas aux États-Unis | Gabriel Bouys – 17/2/2007
 
Comme à l’époque les photographes de Paris-Match, qui séduisaient les stars de la chanson et les vedettes du grand écran. Paris, dans les années 70 et 80, était la capitale mondiale de la photo d’actualité et attirait tous ceux qui rêvaient d’une carrière internationale et de faire un jour la « Une » de Time, de l’Express ou du Daily Telegraph.

« Je suis de la génération où les grands maîtres de la photo étaient français. Là maintenant ça a bougé sur Londres et New York, mais avant avec Gamma, Sygma et tout ça, nous à l’AFP, ils nous prenaient pour des guignols. Maintenant, la roue a tourné et l’AFP est en haut de la roue, mais il ne faut pas oublier que la roue tourne… »

Loin des lumières du show-biz et des grands reportages, Gabriel Bouys, après quelques semaines au « labo » photo de l’AFP et plusieurs mois de piges, se voit proposer d’aller assurer la couverture de la région de Montpellier, comme pigiste permanent de l’agence. Une excellente façon de se former sur le tas, en province, comme l’ont fait de nombreux photographes de l’AFP.

« J’ai été embauché sans formation particulière. Il n’y a pas de vraie école de photo en France. Ce qu’il faut, c’est une grande envie. En province on couvre tous les sujets, dont le sport évidemment, et on devient vraiment journaliste. »

Après Montpellier, direction Toulouse, pour cinq ou six ans, une douzaine d’années au total, entrecoupées de reportages à l’étranger, au cours desquelles Bouys couvre de multiples rencontres sportives, football et rugby principalement. S’étant fait remarquer, il intègre en 1997 à Paris une « cellule sport » tout juste créée (par Vincent Amalvy) au sein du service photo de l’AFP et se voit notamment confier peu après le suivi de l’équipe de France de football — jusqu’à son triomphe le 12 juillet 1998 en finale de la Coupe du Monde contre le Brésil au Stade de France. Une expérience sans pareil, qui allait confirmer ses qualités de photographe de sport — après avoir reçu très jeune, dès 1990, le prix Martini de la meilleure photo sportive française de l’année.
 
 

Extrait de

Sport
Photographier l’exploit
Auteur : Gilbert Grellet
Collection : Hors collection
Format : Brochée – 144 pages
Lire la fiche détaillée du livre

 
 



Laisser un commentaire