Les recettes des pros du reportage – partie 2

Varier ses cadrages

Pour qu’on comprenne bien le sujet du reportage, le photographe doit varier les focales, et penser à aller du général vers le particulier. Cela signifie qu’il faut absolument rapporter des photos au grand-angle pour situer le contexte (scènes larges, plans d’ensemble qui situent le lieu et l’événement). Ensuite, ne pas oublier les plans moyens (par exemple des portraits des personnes interviewées). Et, pour finir, des photos serrées en photo rapprochée ou au téléobjectif (gros plan sur un détail, un objet, une main effectuant une action…).

À l’origine, les zooms ont été inventés principalement pour les reporters car ils couvraient une bonne partie de leurs besoins. Les zooms de type « trans-standard » 24-105 mm et 70-200 mm (en équivalent 24 x 36) sont très prisés car ils couvrent la plupart des focales. Mais on peut également utiliser des focales fixes plus discrètes (30 mm, 50 mm, 80 mm…) et se déplacer davantage, c’est une question de préférence personnelle.

Jouer avec les points de vue

Pensez à vous déplacer pour varier les points de vue (scènes de rue vues d’en haut, au ras du sol, à hauteur d’enfant, etc.). Un cadrage penché peut donner une touche d’originalité. Le reportage sera moins monotone pour le spectateur.

Se servir des propriétés de ses objectifs

On peut également utiliser certains objectifs de façon plus créative. Par exemple, un grand-angle allonge certaines lignes et permet de donner plus de profondeur à l’image si on choisit un premier plan intéressant. Un téléobjectif peut permettre de réaliser des plans larges de loin – cela écrase les perspectives et donne une impression de densité. Une longue focale donne également des photos de fleurs rapprochées ou des portraits avec un beau bokeh. On peut aussi opter pour des objectifs plus originaux (par exemple un fisheye pour donner la mesure d’un lieu très grand), mais à petite dose car l’effet peut lasser.

L’exception du portrait

Attention toutefois aux portraits quand on varie les cadrages et les points de vue. En général, mieux vaut rester à la hauteur de la personne qu’on photographie : une personne prise en forte plongée risque d’avoir l’air tassée. Une personne prise en contre-plongée aura l’air plus grande, mais ses narines risquent aussi d’avoir l’air plus larges… Les focales les plus classiques sont celles qui donnent le moins de risque de déformations (entre 50 et 120 mm environ).
Observez la forme du visage de votre sujet. Si son nez est plutôt long, réservez-lui un cadrage de face. Si ses oreilles sont décollées, prenez-le plutôt de profil ou de trois quarts. Mais attention, très peu de personnes ont un profil parfait. Si l’occasion se présente, foncez. Sinon, optez pour le trois quarts.

Penser à la « couv’ »

Voici un bon réflexe à avoir : prendre toute photo potentiellement importante en double, une fois en cadrage horizontal, une fois en cadrage vertical, car, ainsi, on est sûr de rapporter tout ce qu’il faut pour que le maquettiste (ou soi-même, si c’est pour un livre photo) puisse travailler dans de bonnes conditions.
La couverture d’une revue ou d’un livre est le plus souvent verticale, alors que la double page d’ouverture de l’article sera horizontale.

Laisser de l’espace autour du sujet

Pensez à cadrer large autour de votre sujet pour pouvoir, au besoin, insérer un titre ou des légendes dans l’image.

Ne pas avoir peur de recadrer

Si on a un appareil photo bien doté en pixels qui permet d’importants recadrages, on peut tout à fait se permettre, après la prise de vue, de tenter des recadrages originaux comme le faux 16/9, le faux panoramique, le triptyque…

Claire Riou



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